Auteurs : Antoine Marsaudon et Lise Rochaix
Article publié dans : Journal d’information de la cohort Gazel, Juillet 2017, n°56
Date de parution : 2017
Abstract : Dans cet article, Antoine Marsaudon et Lise Rochaix étudient l’impact d’un « choc de santé », c’est-à-dire la survenue brutale d’un accident ayant entrainé un recours aux soins, sur la consommation hebdomadaire de tabac, à partir de la cohorte Gazel qui permet de suivre l’évolution de la santé de près de 20 000 volontaires d’EDF-GDF sur longue période (3). L’hypothèse est que ce choc de santé agit comme une nouvelle source d’information conduisant l’individu à modifier la perception de ses propres risques de santé. Pour mener cette analyse, les auteurs comparent les individus ayant subi un choc de santé à ceux d’un groupe dit « de contrôle » n’ayant pas subi de choc mais présentant – un an avant le choc – les mêmes caractéristiques observables. Ainsi, la mise en évidence d’une éventuelle différence entre ces deux groupes du nombre moyen de cigarettes consommées pourra raisonnablement être attribuée au choc de santé. Les individus ayant subi un choc et le groupe « de contrôle » sont exposés de la même manière aux campagnes de prévention anti-tabac et au prix relatif des cigarettes. Ces deux facteurs influençant la demande de tabac, il est important de les prendre en compte. Les résultats montrent une baisse significative et durable de la consommation de cigarettes. Une année après le choc de santé, les fumeurs réduisent leur consommation hebdomadaire d’une cigarette et cette réduction s’amplifie au fil du temps. Sur toute la période, soit huit ans après le choc, les individus ayant subi un choc de santé ont fumé en moyenne deux cigarettes de moins par semaine que le groupe de contrôle et ce chaque année. Ainsi, sur toute la période d’étude, les individus du groupe de traitement ont, en moyenne, réduit leur consommation de 16 cigarettes. Par ailleurs, cette baisse est différenciée selon le niveau de tabagisme, les gros fumeurs (au moins 20 cigarettes par jour) réduisant davantage leur consommation. Ces derniers réduisent ainsi de plus de trois cigarettes par semaine en moyenne chaque année sur toute la période.